Je fais face à mon éco-anxiété

On en entend parler de plus en plus, mais que signifie exactement ce terme ? Quelles sont les données scientifiques disponibles sur le sujet ? Et quelles sont les solutions qui peuvent être apportées ? Si la dégradation de l’environnement peut affecter notre moral, provoquer un sentiment d’impuissance et générer de la colère ou de l’inquiétude, cette anxiété peut aussi être le signe d’une prise de conscience. Alors, êtes-vous éco-anxieux ? Et si oui, comment faire face ? Les réponses vous attendent dans cette vidéo.

Tout savoir sur l’éco-anxiété et sur les moyens de la surmonter.
L’éco-anxiété n’est pas toujours une maladie, ni une fatalité.
A travers cette vidéo, découvrez ses mécanismes, ses manifestations et surtout, comment la faire disparaître.
Transcription de la vidéo
Oui, l’éco-anxiété existe. C’est même l’une des grandes peurs modernes. Les études montrent que les jeunes, celles et ceux qui sont au contact de la nature et qui voient la nature changer sous l’effet de la modification du climat, celles et ceux qui habitent en ville et qui voient les conséquences notamment de la pollution et des bouleversements écologiques, sont évidemment plus concernés. Les femmes sont probablement plus vigilantes.
Il y a aussi un phénomène générationnel. Moi, je le vois dans mes consultations. Les plus jeunes, les populations de 15, 20, 25 à 30 ans vont être probablement les plus concernées par rapport à un avenir qui leur apparaît compromis par les changements climatiques, les changements environnementaux, au point qu’ils risquent d’avoir du mal à se projeter dans l’avenir. Peut être même à avoir envie d’avoir des enfants à s’impliquer dans l’économie. Quelquefois, c’est juste une préoccupation, comme chacun de nous peut en avoir. D’autres fois, ça a des conséquences médicales ou même psychiatriques avec des vrais symptômes dépressifs. On peut retrouver des gens déprimés par des inquiétudes sur le climat, avec une perte d’envie, une perte d’estime de soi, une perte d’énergie et une tristesse constante.
Moins graves que les déprimés, on trouve des éco anxieux qui finalement ont moins de moments de bien être tellement ils pensent à ce sujet de l’environnement. Il y a des mots modernes, des mots, du vocabulaire et des maladies modernes. Un nouveau symptôme fait son apparition, on l’appelle la Solastalgie. Ça décrit la détresse ressentie par celles et ceux qui voient leur environnement familier changer, se dégrader sous l’effet du climat. C’est un peu comme un mal du pays sans exil.
Bien sûr ceux qui voient le plus souvent de la nature, de l’environnement sont les plus atteints. Et puis, dans ces formes d’éco-anxiété, on peut retrouver des attaques de panique, des crises d’angoisse. Vous savez, c’est des moments où on a très peur. On a l’impression qu’on risque de mourir, de devenir fou. Et puis on peut aussi retrouver des réactions de colère et des impressions de découragement.
On peut se poser une question, effectivement, est ce que je suis simplement concerné par l’environnement, très conscient de l’importance du sujet, ou spécifiquement éco-anxieux ? En médecine, je le vois dans les consultations, il y a celles et ceux qui ont ce qu’on appelle une anxiété généralisée. Ils sont tout le temps sur le qui vive, ils s’attendent au pire, ils se sentent tendus, leurs muscles sont raides, ils se préparent à une menace souvent imaginaire.
Ces personnes anxieuses vont naturellement intégrer la peur du climat et de l’environnement dans leur anxiété, mais avec d’autres thématiques évidemment aussi qui pourront leur faire peur. Et puis il y a des gens qui ne sont pas particulièrement anxieux, qui n’ont pas d’anxiété généralisée, mais qui sont focus sur le climat. Ils ont par exemple des obsessions écologiques, si j’ose le dire comme ça, touchant à l’extrême, il peut exister une progression entre le fait d’être concerné par la nature.
Par l’environnement, par le climat, ce qui est extrêmement positif et qui n’est en aucun cas un symptôme et le fait d’être tout d’un coup pathologiquement vigilant vis-à-vis de toutes les situations inquiétantes. L’éco-anxiété au sens de la maladie qui n’a rien à voir avec le fait d’être simplement concerné par le climat est une maladie, donc un trouble qui peut conduire à un sentiment de découragement et à une peur de l’avenir.
Face à une situation aussi importante, évidemment, on veut savoir ce qu’il en est pour la France. Une étude récente a été conduite par l’Agence pour la transition écologique. Elle considère que 4,2 millions de Français sont touchés par l’éco-anxiété. Pour 420000 d’entre eux, il y a un risque de basculement dans un trouble plus médical qui serait une dépression ou une anxiété.
Face à une situation aussi fréquente et parfois assez grave. La question qui se pose c’est que faire selon les cas. Dans les formes les plus graves, d’éco-anxiété avec des symptômes médicaux, que ce soit des attaques de panique, des signes de dépression. Évidemment on peut demander un avis médical, ça va pas résoudre le problème de l’écologie, mais ça va vous permettre personnellement de savoir si vous pouvez être aidé. Le sujet n’est pas de supprimer la légitime vigilance vis-à-vis de l’environnement hein. Le sujet n’est pas de rendre celles et ceux qui sont éco-anxieux, indifférents vis-à-vis du climat, mais d’améliorer leur qualité de vie. Le sujet est tellement important qu’on voit par exemple aux États-Unis des psychothérapies, se spécialiser dans l’éco-anxiété et puis globalement dans le traitement de l’anxiété. C’est ce qu’on appelle les thérapies d’acceptation. C’est à dire que quand il vous vient une idée anxieuse, si vous essayez de la chasser, elle va prendre de plus en plus de place. Il vaut mieux essayer de l’accepter.
De la laisser un peu comme les nuages, ceux qui passent dans le ciel, on sait qu’ils sont là, on n’essaie pas de les chasser. Et puis, il y a aussi des thérapies qu’on appelle dialectiques, qui font appel à notre raison et qui apprennent à réfléchir de manière fonctionnelle et productive. Et puis, bien sûr, les thérapies classiques. Que ce soit les thérapies psychodynamiques ou comportementales restent utiles dans toutes ses formes d’anxiété, de dépression. Bien sûr que tout le monde n’a pas besoin de soins face à l’éco-anxiété quand on n’a pas de maladies anxieuses ou de maladies dépressives, l’engagement fait du bien. Le fait d’être vigilant vis-à-vis du climat, le fait d’accomplir des gestes de prévention vis-à-vis de l’environnement permet de passer d’une position inquiète passive à une position active. Le fait de s’engager dans des actions concrètes diminue la rumination anxieuse, la tendance qu’on pourrait avoir à se faire du mouron tout seul sur l’avenir de l’environnement ou de la planète.
On pourrait dire au fond que face à l’éco-anxiété, une prise de conscience responsable fait du bien à la planète et fait du bien à l’esprit. Vous aurez plein d’idées de la manière de vous engager dans des actions de prévention, la protection de son habitat, de son lieu de vie comme des projets collectifs d’isolement thermique d’un immeuble. Donc évidemment nous ne sommes pas égaux vis-à-vis de l’éco-anxiété, mais un nous sommes tous concernés par ce sujet de la vigilance sur l’environnement et chacune et chacun peut travailler sur à la fois ses émotions et son engagement pour passer d’une position, j’allais dire, de spectatrice ou de spectateur triste à une position de citoyen engagé.